Un territoire à la une : le SYMSAGEB, Martin Pasquesoone

Martin, vous avez lancé une campagne de réduction de la vulnérabilité du bâti avec le SYMSAGEB et avez atteint un taux élevé de passage aux travaux, pouvez-vous nous en dire plus ?

Bien sûr ! Sur 205 diagnostics réalisés, nous avons obtenu 65% de passage aux travaux (début décembre 2024), et devrions arriver à terme à 75%. Les inondations de l’hiver 2023-2024 ont profondément marqué la population, ce qui a suscité leur intérêt pour adapter leur bâti. Mais ce n’était pas gagné pour autant !

Comment avez-vous fait ? Qu’est-ce qui a permis d’arriver à de si bons résultats ?

  • Ce qui nous a aidé, c’est que le dispositif était prêt avant l’inondation de novembre. Nous venions de lancer le marché de diagnostics de vulnérabilité deux semaines plus tôt. Cela nous a permis, après une large campagne de communication, de mobiliser les personnes qui venaient d’être inondées avant que l’envie d’adapter leur bâti ne s’estompe avec le temps. Le fait d’avoir déjà préparé la démarche en amont nous a permis de commencer très rapidement. Nous étions les premiers à être prêts à démarrer.
  • Le cahier des charges et le choix du prestataire ont aussi été très importants. Nous avions demandé à ce que le prestataire ait une permanence sur le territoire, c’était essentiel pour nous.  Nous avons sélectionné un prestataire implanté localement et fin connaisseur du territoire, ce qui a facilité la relation avec les habitants. Ils peuvent d’ailleurs se rendre dans leurs bureaux, à Boulogne, ce qui facilite les choses. Nous avons aussi demandé au prestataire une mission d’accompagnement auprès des habitants qui le souhaitaient ; accompagnement qui a été largement sollicité par les personnes ayant réalisé des diagnostics. L’expérience du prestataire dans les démarches ANAH a été très profitable : il a l’habitude du dialogue avec des habitants dans des situations complexes, et il connaît bien le volet administratif des demandes de subvention en plus du volet technique du bâtiment.
  • Le dispositif MIRAPI a aussi contribué à ces bons résultats. Grâce à la communication très importante qui a été déployée, mais aussi grâce à l’augmentation des subventions accordées par rapport au PAPI : de 80 à 100% pour les batardeaux et clapets anti-retour. Autre avantage : dès que le dossier de subvention est validé par la DDTM, l’Etat fait une avance de 60% du montant des travaux.

Autre chose à nous partager ?

  • Nous avons lancé des diagnostics « prototypes » pour affiner la manière de faire avant de déployer le dispositif à grande échelle. L’objectif était de tester différents formats dans différentes situations (entreprise, habitation, différents cours d’eau, etc). Cela nous a été très utile.
  • La journée d’échanges du CEPRI dédiée à l’adaptation du bâti m’a rassuré sur la manière de faire que nous avions prévu. Elle m’a conforté dans les choix que nous avons fait !

Une difficulté ?

La mise en place du dispositif MIRAPI nous a obligé à revoir la méthode mise en place selon le cahier des charges PAPI : les exigences des diagnostics étaient différentes ainsi que les financements.

Un regret ?

Les solutions retenues sont majoritairement des dispositifs destinés à résister à l’eau. La stratégie qui consiste à adapter son intérieur pour laisser rentrer l’eau sans que les travaux de réparation soient longs et coûteux est rarement retenue. Pourtant c’est souvent le plus efficace. Cela nécessiterait un autre rapport à l’inondation qui viendra peut-être avec l’augmentation de la fréquence des inondations due au changement climatique.

> Regard croisé de Marie Evo, directrice du CEPRI :

Le diagnostiqueur doit garder en tête qu’in fine, c’est le propriétaire qui décide ! Il peut avoir envie de se lancer dans une rénovation lourde ou pas, en avoir les moyens ou pas… Le diagnostiqueur doit présenter des dispositifs dimensionnés à la situation personnelle du propriétaire. Et convaincre le propriétaire de faire les travaux ! Le diagnostic est avant tout un outil de mobilisation des habitants.

C’est ce que nous avons expliqué aux experts en assurance formés par le CEPRI après les inondations dans les Hauts-de-France. C’est aussi ce que nous rappelons dans la mise à jour du guide « le bâtiment face à l’inondation », qui va sortir dans quelques semaines ! Ce guide comprend de nombreuses mesures d’adaptation techniques suite au groupe de travail monté avec la Fédération Française du Bâtiment et des diagnostiqueurs membres du CEPRI. Enfin, pour faciliter le dialogue entre diagnostiqueurs et habitants, nous avons produit pour nos membres la plaquette « quand l’inondation arrive, ma maison est prête ! ». N’hésitez pas à nous en demander des exemplaires via ce lien.

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